Q&A avec Caroline Tubeuf, à l'occasion de la Journée internationale des femmes le 8 mars 2024
À l’occasion de la Journée internationale des femmes, célébrée chaque année le 8 mars, nous avons posé quelques questions à Caroline Tubeuf.
Caroline est actuellement administrateur, Head of Legal et Secrétaire Général chez Degroof Petercam Asset Management.
Chez BEAMA, elle fait partie du Conseil d’administration et agit entre autres en tant que co-présidente du Groupe de travail « Inclusion ».
“Notre industrie devrait être aussi attrayante pour les femmes que pour les hommes »
Pourquoi une carrière dans le secteur de l’asset management est-elle attrayante pour les femmes ? Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui envisagent une carrière dans notre industrie?
Personnellement, je trouve que notre industrie peut être aussi attrayante pour les femmes que pour les hommes. Bien que la finance soit souvent perçue comme masculine, il faut questionner cette perception. Pour moi, ce qui compte dans ce domaine est non-genré: avoir une tête bien faite, un certain goût pour la technicité, un esprit entrepreneurial, l’envie d’apprendre et de la curiosité.
Les opportunités de développement professionnel sont nombreuses. Malgré l’apparence ‘désincarnée’ de ce secteur de l’industrie, je pense personnellement que notre industrie donne la possibilité de mettre l’humain au centre. Nous sommes un « people business ». En plus de leur expertise, les femmes peuvent apporter des compétences différentes, des « smarts skills » comme on dit (que les hommes ont aussi, mais qu’ils ont peut-être plus mal à montrer), et qui sont tout aussi importantes que les compétences techniques, car elles ajoutent de la valeur à long terme.
Aux femmes qui envisagent une carrière dans l’asset management, je leur dirais de ne pas se laisser décourager par la prédominance masculine, surtout pour des postes tels que la gestion ou la recherche, où on voit encore peu de femmes, alors qu’elles sont tout aussi compétentes. Il ne faut pas non plus essayer de copier le comportement des hommes. Il faut oser demander et revendiquer ses compétences. Et puis, surtout, il faut prendre plaisir dans son travail, et assumer ce plaisir.
Comment s’est déroulée votre carrière dans le secteur de l’asset management? Qu’est-ce qui vous a inspiré à poursuivre une carrière dans ce domaine?
Je me suis lancée dans l’asset management un peu par hasard. Juriste de formation, je me suis progressivement spécialisée dans le secteur financier. J’ai débuté dans l’asset management sans aucune expérience préalable, mais avec la volonté de relever le défi.
Ce que je trouve inspirant, c’est la technicité, la diversité des tâches, ainsi que le caractère pragmatique de mon métier. Ce qui m’inspire toutefois le plus ce sont les personnes avec qui je travaille. Parvenir à gérer des équipes de manière humaine en leur confiant des tâches intellectuellement stimulantes tout en veillant à leur épanouissement professionnel, de créer une cohésion d’équipe et, par extension, une culture d’entreprise authentique, tout cela me procure une grande énergie. Si l’on prend une vue plus « macro-économique », alors ce que je dirais c’est que l’asset management est au cœur de l’économie active. L’asset management permet aujourd’hui en plus, d’avoir de l’impact sur la transition écologique, la gouvernance des entreprises et la responsabilisation du secteur financier.
Selon vous, pourquoi est-il également important que les femmes soient investisseuses?
Tout d’abord, les femmes représentent la moitié de la population mondiale. Il est dès lors contre-intuitif de minimiser leur importance. Pourquoi se priver de la moitié d’une clientèle potentielle? De plus, statistiquement, les femmes survivent aux hommes, ce qui impliquent qu’elles ont généralement des perspectives d’investissement à plus long terme. Il est crucial pour stimuler l’économie et assurer son dynamisme d’inclure l’ensemble de la population.
La microfinance, dans sa genèse du moins, est un bon exemple des opportunités que la finance peut offrir aux femmes. Il est possible que l’augmentation du nombre de gestionnaires de fonds féminins encourage (indirectement) davantage de femmes à investir. Il faudrait pour cela donner plus de la visibilité aux femmes travaillant dans l’asset management.